Sport

C’est quoi de faire du sport ? ou plutôt, que fait-on quand on fait du sport, concrètement ?

Une question à laquelle il semble facile à répondre de prime abord. Si on tentait de répondre en citant une discipline sportive, on donnerait en exemple le foot, le badminton, la course à pied, le vélo… Mais, dans ce cas, qu’en est-il de la serveuse qui parcourt plusieurs kilomètres à pied à chaque journée de travail ? En comparaison, elle devrait être considérée comme une sportive d’élite au vu de la charge de la pratique qu’elle accumule. La définition ne se limite donc pas à la discipline. Par conséquent, il ne s’agit pas de se poser la question à quel jeu on joue, mais de quelle façon on y joue.

Il est important de comprendre la différence parmi les intensités des activités physiques. Pour clarifier, j’aimerais introduire une notion de différence fondamentale entre l’activité physique et l’entrainement sportif.

Elodie Jakob (SUI), Heptathlon

L’activité physique est un moyen qui, de par sa pratique, vise à garder la forme, ou du moins de soutenir l’état de la bonne santé. On y trouve une notion de hobby avec dans la plupart des cas une activité sociale, ludique, sans contraintes. Le niveau d’effort reste principalement faible à moyen, ce qui a comme but de soutenir l’activité cardiovasculaire et l’équilibre psychique. Relativement à l’intensité, une récupération spécifique n’y est normalement pas nécessaire. Le but de cette activité physique est donc de soutenir l’hygiène de vie.

L’entrainement sportif, du fait de sa nature excessive, a comme but de provoquer une surcompensation de l’état de résistance spécifique avec comme effet l’augmentation temporaire du potentiel de la performance. Si toutefois les pratiquants de l’entrainement sportif sont en général des gens en bonne santé, cet état n’est pas dû à l’activité sportive en excès, mais à l’hygiène de vie que les athlètes mettent en place pour supporter leurs progressions de performances, le but final de l’entrainement. Cette augmentation des performances est mesurée face au temps, aux autres concurrents, ou à ses propres performances antérieures. L’objectif étant de faire de mieux en mieux, grâce à l’intensité de l’entrainement. Même si certains sports se pratiquent en groupe, l’entrainement physique est personnel et concerne toutes les variantes d’efforts, tant endurance (aérobie) que résistance (anaérobie). Nous sommes donc dans un domaine excessif par rapport à une activité, disons, normale. Pour pouvoir se remettre de ces excès, le sportif doit impérativement parfaire et adapter son hygiène de vie afin de ne pas se carencer à long terme ou de courir le risque de blessures ou de maladie pour cause de manque de résistance. La notion de récupération y est fondamentale. L’hygiène de vie est donc au service de l’entraînement sportif.

Pour pouvoir se remettre de ces excès, le sportif doit impérativement parfaire et adapter son hygiène de vie afin de ne pas se carencer à long terme ou de courir le risque de blessures ou de maladie pour cause de manque de résistance.

Cloé Brand (SUI), Badminton

La notion de récupération y est fondamentale. L’hygiène de vie est donc au service de l’entraînement sportif.

Pour illustrer ceci par un exemple simple, observons Sophie. Elle pratique le jogging. Admettons qu’elle fasse 3 sortie par semaine, d’une heure chacune. Elle court « à son rythme » sur un terrain peu accidenté, voir plat. Soucieuse de son bien-être, Sophie court de la sorte depuis des années. Mesurons sa performance actuelle en terme de temps et comparons avec une mesure faite il y a une année. Il n’y a pas de différence. Son niveau est resté le même pendant des années et va le rester. Pourquoi ? parce que son état équilibré ne subit pas de choc, d’excès. Toutefois sa pratique sollicite en grand nombre ses métabolismes régulièrement, ce qui a comme effet qu’ils se maintiennent en bon état. Sophie s’entretient.

Julie, elle, fait les choses différemment. Aussi adepte de la course à pied, elle s’entraine 3 fois par semaine pendant une heure, dont un quart d’heure est consacré à l’échauffement.

La première sortie est consacrée à la course à pied avec un rythme soutenu de 45 minutes sur du terrain accidenté. Pendant le deuxième entrainement, elle court 3 fois dix minutes à un rythme soutenu avec 5 minutes de rythme léger entre chaque fois. Au troisième, elle court 45 minutes, construites sur des intervalles de deux minutes de course au maximum de ces capacités et 30 secondes de course très légère entre chaque fois. Au courant de l’année elle voit ses performances augmenter : le temps de récupération pendant les intervalles raccourcit et elle parcourt de plus en plus de distance dans un même temps donné.

Qu’est-ce qui fait cette différence ? Le corps de Sophie a l’habitude des efforts répétés et il s’attend à ne pas avoir à se renforcer pour subir les pratiques suivantes. Au contraire, le corps de Julie a appris à savoir que son niveau actuel suffit juste pour accomplir le travail demandé. Il se dit : « si la demande augmente, je ne le supporterais pas. » Afin de prévenir avec un peu de sécurité ce qui lui arrive, il va alors se renforcer, augmenter ses performances.

Ceci coûte cher car il ne doit pas seulement se réparer/régénérer à chaque fois, mais aussi ajouter de la matière renforcée ainsi qu’augmenter l’efficacité des métabolismes concernés. Son corps surcompense continuellement.

Alberto Macias (SUI), Triathlon

Sophie peut facilement supporter ses adaptations et peut se permettre une certaine marge de manœuvre en terme d’écarts de son hygiène de vie (alimentation, sommeil, stress, etc.). Pour Julie c’est différent. Plus elle surcompense, plus elle doit se donner de moyens. Elle doit donc avoir un régime alimentaire plus stricte, qui va avec une hygiène de vie soignée en fonction.

Se donner les moyens comprend :

Une alimentation basée sur la régénération

Un sommeil de qualité et en quantité suffisante

Un rythme d’entrainement intelligent

Une hygiène corporelle soignée

Des soins complémentaires favorables à la régénération (massages, sauna, méditation, etc)

Une prise en charge intelligente des blessures